Les causes des douleurs lombaires simples et bénignes ne sont pas claires dans 80% à 85% des cas

On nécessite une preuve scientifique irréfutable

Étant donné qu’on ne peut pas trouver une raison claire dans 80% à 85% des cas pour expliquer une lombalgie simple et bénigne 1,2, il est facile à comprendre pourquoi tellement de professionnels de la santé ne pouvaient (et ne peuvent toujours pas) résister à la tentation d’inventer des explications géniales, sensationnelles ou même ridicules. Il est souvent le cas que celui qui a développé une théorie pour quelque chose d’inexplicable doit être un peu ‘fou’. Bien il était innovant ou il était à contre-courant ou bien il voulait se démarquer. Il est toutefois frappant que beaucoup de personnes qui avaient à l’origine des idées ‘bizarres’ ont remporté le Prix Nobel3. quelques années après. Quelques-uns de ces conclusions originales ont été confirmées quelques ans plus tard grâce à l’évolution de la technologie moderne4. Einstein, par exemple, n’a pas vraiment été pris au sérieux jusqu’à tout récemment. Pour enfin confirmer des allégations ‘fantastiques’, il faut qu’on présente une forme de preuve scientifique irréfutable.

Référence aux problèmes psychologiques et psychosociaux

Quand on ne peut pas démontrer quelque chose dans la médecine classique avec des arguments clairs, on réfère assez vite aux “problèmes psychologiques et psychosociaux”. Ceci est également le cas pour l’explication d’une lombalgie simple et bénigne. Il pourrait être vrai ! Parce que, apparemment, deux tiers de la population européenne souffre un jour des troubles psychologiques5,6. Il est bien sûr tentant d'établir un lien statistique avec le fait que jusqu'à 60% de toutes les personnes subissent chaque année une vague douloureuse dans leur dos. Ces facteurs psychiques peuvent en outre facilement être pris en compte car la lombalgie a une influence négative importante sur la vie familiale, sociale, sexuelle et privée du patient.

Néanmoins, il n’a pas encore été prouvé que des facteurs psychologiques et psychosociaux puissent provoquer des lésions douloureuses dans le tissu osseux, le tissu musculaire ou le tissu cartilagineux des différentes parties du bas du dos. D’autres facteurs encore doivent êtres présents pour provoquer une lombalgie simple (voir : autres blogs). Au contraire, on sait déjà depuis longtemps que la douleur, provoquée par une lésion, peut détériorer quand le patient a des problèmes psychologiques et psychosociaux. Dans ce cas, il est très important de visiter un psychologue quand on souffre des douleurs dorsales7.

La profession comme raison de lombalgie

Une autre raison souvent soulignée pour l’émergence de la lombalgie simple est la profession du patient et les circonstances dans lesquelles il l’exerce. Cette affirmation ne peut pas être acceptée sans condition pour la simple raison qu’il y a beaucoup d’autres personnes autour du monde qui travaillent toujours dans les mêmes conditions d’emploi sans éprouver la moindre douleur au dos. Pourtant, il ne fait aucun doute que les activités spécifiques à certaines professions peuvent provoquer périodiquement des douleurs au bas du dos. On a constaté scientifiquement que le travail dur physique, se pencher régulièrement, tourner, hisser, tirer et pousser, répéter un mouvement, être assis longtemps ou bien être debout longtemps, subir quelques vibrations identiques de hautes fréquences,... peuvent provoquer des maux de dos. Cependant, les blessures organiques sont rarement causées dans les différentes parties du bas du dos 8,9. Par ailleurs, la plupart des personnes souffrant de lombalgie à cause de leurs activités professionnelles ne demandent pas volontairement d’arrêter leur travail ou de reprendre leur travail assez rapidement après une brève interruption de travail. Il s’agît principalement de ceux qui comprennent bien que, à part des douleurs (parfois intenses), qu’il n’y a rien de mal.

Ils voient qu’il n’y a pas d’évolution drastique et comprennent (que ce soit ou non de l'expérience) que cela se passera et n’a rien de dangereux pour eux. Mentalement, ils sont assez forts de pouvoir éprouver un ‘lumbago’. Cependant, pas tout le monde réagit de même façon. La douleur est quelque chose de très bizarre (voir blog ‘L’énigme de la douleur’). On sait qu’une personne sur trois a un seuil de douleur faible et est en plus, craintive. C’est pourquoi ces patients souffrant de lombalgie simple et bénigne se voient prescrire plusieurs interruptions de travail (parfois à long terme)10. Rester chez soi est pour beaucoup de personnes une fuite pour l’inconnu, parce qu’ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. On considère le travail comme ‘malsain’, mais les ‘traitements’ physio thérapeutiques consistent en les mêmes mouvements de dos qu’ils exercent pendant leur travail ou passe-temps. La lombalgie se manifeste indépendant de l’activité qu’on pratique, soit au travail, soit durant les activités de loisirs. Donc, il faut exister encore d’autres facteurs qui peuvent provoquer de la lombalgie. Vous trouverez plus de pensées sur ce sujet dans un futur blog sur ‘les facteurs environnementaux’.

douleurs lombaires

Conclusion

Il est aussi assez difficile à comprendre qu’une combinaison entre les circonstances psychologiques, psychosociales et les conditions d’emploi peuvent provoquer une lésion. Ces facteurs sont néanmoins considérés comme des risques qui peuvent provoquer la lombalgie, mais ils ne provoquent pas de lésions dans les différentes structures du bas du dos.

Cette conclusion est confirmée par le fait qu’à chaque âge on ne note pas les moindres différences radiologiques au niveau du bas du dos (voir blog «Radiologie de la colonne vertébrale’») entre 85% des personnes souffrant de lombalgie dans le monde et celles qui n’ont jamais eu de douleurs lombaires11,12,13,14,15,16. En d’autres termes, ce que l’on voit sur les rayons x n’explique pas la douleur au bas du dos.

La raison pour laquelle les douleurs au bas du dos sont si mystérieuses et ce qu’on sait avec certitude à ce sujet, est discuté dans les blogs suivants.

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Références

1 Adams MA, Bogduk N, Burton K, Dolan P, ‘The biomechanics of back pain (3th Ed)’,
Churchill Livingstone Elsevier, 2013:Preface
2 Adams MA, Roughley PJ, ‘What is intervertebral disc degeneration, and what causes it?’,
Spine, 2006, 31:2151
3 Wikipedia. Otto Heimrich Warburg
4 Thienpont B, Steinbacher J, Zhao H et al. ‚‘Tumour hypoxia causes DNA hypermethylation by reducing TET activity’,
Nature, 2016, doi:10.1038/nature19081
5 Wittchen HU, Jacobi F, ‘Size and burden of mental disorders in Europe. A critical review and appraisal of 27 studies’,
Eur Neuropsychopharmacology, 2005, 15:357
6 Wittchen HU, Jacobi F, Rehm J et al., ‘The size and burden of mental disorders and other disorders of the brain in Europa 2010’,
Eur Neuropsychopharmacology, 2011, 21:655
7 Cherkin DC, Shermman KJ, Balderson BH et al., ‘Effect of mindfulness-based stress reduction vs cognitive behavioral therapy or usual care on back pain and functional limitations in adults with chronic low back pain. A randomized clinical trial’,
JAMA, 2016, 315:1240
8 Andersson GBJ, ‘The epidemiology of spinal disorders’,
In: Frymoyer JW (Editor), ‘The adult spine. Principles and practice’,
Lippincott-Raven, Philadelphia, 1997:93
9 Hoogendoorn WE, Bongers PM, de Vet HC et al., ‘Flexion and rotation of the trunk and lifting at work are risk factors for low back pain. Results of a prospective cohort study’,
Spine, 2000, 25:3087
10 Hestbaek L, Leboeuf-Yde C, Engberg M et al., ‘The course of low back pain in a general population. Results from a 5-year prospective study’,
J Manipulative Physiol Ther, 2003, 26:213
11 Boden SD, Davis DO, Dina TS et al., ‘Abnormal magnetic-resonance scans of the lumbar spine in asymptomatic subjects. A prospective investigation’,
J Bone Joint Surg, 1990,72A:403
12 Sether LA, Yu S, Haughton VM et al., ‘Intervertebral disk. Normal age-related changes in MR signal intensity’,
Radiology, 1990, 177:385
13 Brightbill TC, Pile N, Eichelberger RP et al., ‘Normal magnetic resonance imaging and abnormal discography in lumbar disc disruption’,
Spine, 1994, 19:1075
14 Jensen MC, Brant-Zawadzki MN, Obuchowski N et al., ‘Magnetic resonance imaging of the lumbar spine in people without back pain’,
New Engl J Med, 1994, 331:69
15 Borenstein DG, O’Mara JW Jr, Boden SD et al., ‘The value of magnetic resonance imaging of the lumbar spine to predict low-back pain in asymptomatic subjects. A seven-year follow-up study’,
J Bone Joint Surg, 2001, 83A:1306
16 Cheung KM, Karppinen J, Chan D et al., ‘Prevalence and pattern of lumbar magnetic resonance imaging changes in a population study of one thousand forty-three individuals’,
Spine, 2009, 34:934